Voilà la question à laquelle je veux que chacune puisse répondre à chaque fois qu’elle-iel-ielle, dit non à une autre femme juste parce qu’elle a le même style vestimentaire qu’elle-iel-ielle. Qui suis-je?
Egalité, respect des droits, Equité, voilà ces choses pour lesquelles je me lève tous les matins.
J’ai remarqué que beaucoup de couples LBQ-fsf s’inspirent des rôles de genre dans les couples dits hétérosexuels : un exemple est le modèle masculine et féminine dans les couples LBQ-FSF bien qu’ayant deux femmes en couple. Nous nous retrouvons à copier un système purement patriarcal alors qu’aujourd’hui les luttes féminines convergent vers l’égalité des sexes. Les couples LBQ-FSF africains s’accrochent à un système qui imposent des rôles de genre à chaque personne dans le couple. Ces rôles de genre créent une stigmatisation au sein de la communauté et nous divise en classe. Comme c’est le cas au Cameroun ou les masculines appelés Koudjés et en Côte d’Ivoire Yorxi jouent le rôle de l’homme et la classe des Mvoyalles et trouxou qui doivent jouer le rôle de la femme tel qu’assigné dans la société patriarcale traditionnelle.
Le style vestimentaire
Avant toute chose, je tiens à faire cette précision. Il y a des personnes dans la communauté dont le style vestimentaire est l’expression de leur genre. Et, je respecte le genre, c’est une chose indéniable.
Et puis il y a ces personnes, qui ont toujours eu cette attirance naturelle pour les ténues dites masculines depuis leur tendre enfance, mais qui s’identifient comme des femmes. Et, enfin celles qui ont adopté ce style juste pour rentrer dans le moule, pour être en conformité avec les demandes du milieu.
Je me suis toujours sentie comme une femme cis avec un style vestimentaire un peu plus prononcé pour les tenues dites masculines. J’ai dû changer de style quand je suis tombée amoureuse d’une autre femme qui avait le même style vestimentaire que moi. Qu’est-ce qui la dérangeait véritablement ? Ma simple tenue vestimentaire et non mon identité de genre. Elle n’avait juste pas envie de s’afficher avec une femme qui avait le même style vestimentaire qu’elle, elle n’avait pas envie d’être traitée de pédé. C’est une réalité, si deux femmes du même style vestimentaire sortent ensemble, si elles sont masculines, elles doivent se cacher des autres sinon elles seront montrées du doigt. Leur relation parait comme une abomination aux yeux des autres. Elles sont traitées de pédé. Si ce sont deux féminines elles sont traitées de talonnières, leur relation est banalisée, on leur dira qu’elles se gaspillent et vice versa. Il y a même des masculines (Yorxi, Koudjé…) qui vont jusqu’à dire que ça ne les dérangent pas que leur féminine (Trouxou, Mvoyalles) sortent avec une autre féminine. Juste pour montrer à quel point les relations entre deux féminines sont banalisées.
Avec le recul je regrette vraiment d’être tombée dans ce piège parce que oui c’est un piège. Nous faisons une transposition du système patriarcal dans les couples LBQ-FSF. Etre lesbienne c’est le fait d’être une femme et être attirée par une autre femme, alors qu’est-ce que le style vestimentaire vient faire ici ? Je ne veux vexer personne mais je veux tirer la sonnette d’alarme sur une chose que nous banalisons. Pendant que des mouvements féministes se battent pour briser les chaines du patriarcat, nous nous approprions ces règles avilissantes remplies de frustration, de domination et de soumission.
Avant de vous engagez dans ce schéma, il revient à chacunE de nous de poser la question suivant : qui suis-je ? Pourquoi le style vestimentaire est-il une barrière pour moi ?
Ça reste un style vestimentaire et un style vestimentaire, on peut le changer. Ce qui devrait nous intéresser, c’est plus l’identité de genre et l’orientation sexuelle de nos partenaires parce que celles là sont innées et inchangeables.
C’est qui le mari ?
Voilà une question qu’on m’a souvent été posé. Soit le commun des mortels ignore qu’on dit couple lesbiennes parce que c’est deux femmes ensemble, soit nous avons notre part de responsabilité dedans.
Il m’est arrivé tellement de fois d’être avec mes paires et les entendre appeler leur partenaire mon mari. Je tombais des nues à chaque fois. J’accepte que pour des questions de sécurité dans un milieu hostile nous prêtions le qualificatif de mari à nos partenaires, mais de là à nous l’imposer quand nous sommes entre nous, dans notre espace, je me dis alors qu’il y a un problème.
J’ai une paire qui me demandait une fois : ‘et mon mari’, j’ai dû lui préciser que j’avais une femme. Elle m’a alors dit : ‘Je ne savais pas que tu étais yorxi’, je lui ai alors répondu que j’étais juste une femme en couple avec une autre femme et que dans mon couple nous n’avions pas besoin de ces étiquettes.
Nous sommes justes deux femmes, peut être qu’une avec un plus fort caractère qui a tendance à s’imposer mais il n’y a pas de mari chez nous. C’est bien pour ça que nous avons le qualificatif de lesbienne.
Le fait qu’une femme aime le football, les tenues vestimentaire dites masculines, aime la bière, est plus agressive, indiscipliné ou à un esprit de compétions ne fait pas d’elle un homme. Parce que les femmes aussi peuvent aimer ces choses-là, la preuve nous parlons d’une femme.
Si c’est votre partenaire qui vous demande de l’appeler mon mari, alors ce n’est pas une femme, c’est purement et simplement un homme. Car, il y a bien des hommes avec un vagin.
Il est important de savoir que deux personnes de sexe féminin peuvent être un couple de lesbiennes, un couple d’hétéro ou d’une orientation sexuelle que je ne saurais défini. Alors, il serait bien pour nous, que chacunE sache qui il, iel, elle est. Nous avons le droit d’être qui nous sommes sans pour imposer notre façon d’être aux autres. Arrêtons de donner l’impression aux autres que ce ne sont que les hommes qui peuvent donner du plaisir, parce que c’est bien ce qui se cachent derrière cette question. Montrons-leur que deux femmes ensemble ça jouit bien plus qu’une femme avec un homme, alors refusons d’être un mari et une femme quand nous sommes lesbiennes, soyons justes deux femmes.
Pour ma part, je suis une femme non hétérosexuelle qui aime les femmes qu’elles soient masculines ou féminines du moment où elles s’identifient comme des femmes : leur style vestimentaire ne représentante aucunement une barrière pour moi.
Emma Onekekou